11-Septembre

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Quelques réponses au hors-série de l’AFIS consacré aux attentats du 11 septembre 2001 (juin 2011)

par Yves Ducourneau
le 31 août 2011

Couverture du hors-série de l'AFIS sur les attentats du 11 septemnbre 2001
Le hors-série de Science et pseudo-sciences de juin 2011, 96 pages, est entièrement consacré à combattre la « théorie du complot » sur les attentats du 11 septembre 2001.


Il est tout à fait possible qu’une 2CV remporte les 24 Heures du Mans… Si elle est la seule sur la ligne de départ ! Mais faire témoigner l’huissier, le juge de ligne, les journalistes présents sur place, la photo-finish et l’expert ayant contrôlé le chronomètre, qui tous confirmeront que la 2CV est bel et bien arrivée première, ne transformera pas ce brave bi-cylindres, si cher à nos mémoires, en redoutable machine de compétition. De même, en sciences un raisonnement à sens unique constitue une faute lourde, qui rend inutile d’aller plus loin. Une corrélation ne constitue pas une preuve. Et pourtant, sur le 11-Septembre, c’est bien en occultant une hypothèse que l’AFIS croit avoir confirmé l’hypothèse retenue par l’enquête officielle, bien moins probable que la première. On se demande comment une telle erreur est possible et surtout, comment l’AFIS a pu convaincre tant de scientifiques de lui apporter leur caution.

Rappelons brièvement le contexte : l’association (française) ReOpen911, née il y a 5 ans, n’est pas convaincue par le récit officiel des attentats du 11-Septembre et demande qu’une nouvelle enquête soit menée. Le hors-série du magazine Science et pseudo-sciences de juin 2011, publié par l’AFIS, prétend fournir de bonnes réponses aux questions soulevées par l’association ReOpen911, et pense donc qu’aucune nouvelle enquête n’est nécessaire. Dans la mesure où le dossier de l’AFIS fait presque 100 pages, nous nous restreindrons ici au seul World Trade Center (Tours Jumelles et tour 7), en nous attachant essentiellement à démontrer le raisonnement à sens unique (il n’est pas nécessaire d’entrer dans les détails de l’hypothèse déjà prise en compte, pour démontrer qu’une hypothèse a été écartée). Nous examinerons aussi les rares arguments par lesquels l’AFIS justifie qu’elle écarte l’autre hypothèse.

World Trade Center : l’AFIS tape à côté du clou

Le dossier de l’AFIS s’attaque notamment, et longuement, à la polémique scientifique entourant l’effondrement des 3 tours du World Trade Center (1, 2 et 7), polémique agitant depuis 5 ans l’Internet en proportion du calme régnant dans les grands médias. L’AFIS affirme dans son hors-série que la thèse avancée par les autorités est la bonne. Ces autorités, représentées par le NIST, organisme scientifique gouvernemental auteur du dernier rapport officiel en date, affirment que les tours se sont effondrées sous l’effet combiné du feu et des dommages mécaniques (ci-après appelée « thèse du feu »).

Face au NIST, un nombre croissant de scientifiques et d’intellectuels avancent l’hypothèse d’une démolition contrôlée. Rappelons qu’une telle opération consiste, en précisant que les 3 tours avaient une structure en acier car le procédé est différent pour le béton, à placer dans le bâtiment un grand nombre de petites charges explosives, dites « charges de découpe » (ou « charges coupantes »), qui en coupant les poteaux en acier selon un certain angle vont provoquer la descente de la partie supérieure, écrasant la partie inférieure. Les charges sont déclenchées dans un ordre précis et vont, selon l’effet désiré, soit faire tomber le bâtiment verticalement (on parle alors d’ « implosion »), soit sur le côté, la deuxième option étant la plus simple (la verticalité est difficile à obtenir). Lors d’une « implosion », on « coupe » le bâtiment à mi-hauteur, ou plus bas, ou à plusieurs hauteurs et pour éviter que les matériaux ne se dispersent, on tire les poteaux centraux (que l’on appelle « primaires ») une fraction de seconde avant ceux de la périphérie. Les matériaux sont alors aspirés vers le centre. L’informatique permet, par ailleurs (le procédé existait en 2000), d’introduire des micro-retards dans les séquences de façon à diminuer l’onde de choc et le bruit. Une démolition contrôlée est ainsi capable de préserver les vitres de son propre bâtiment ! (1) Les scientifiques contestataires font observer que l’effondrement des 3 tours du WTC ressemble à une démolition contrôlée par implosion et en voient de multiples signes (2).

Principe de fonctionnement des charges de découpe dans une démolition contrôlée
Application de charges de découpe sur un poteau en acier (démolition contrôlée).

Par convention, nous appellerons hypothèse « A » la thèse du feu et hypothèse « B », la thèse de la démolition contrôlée. Le simple fait de poser ces deux hypothèses est important car, suivant le principe évoqué plus haut, selon lequel une enquête doit envisager TOUTES les pistes, nous allons pouvoir, avec une facilité déconcertante, rejeter la MAJEURE PARTIE du dossier de l’AFIS, pourtant écrit par une armée de spécialistes ! En effet, chaque fois que l’hypothèse A sera la seule à être évoquée par l’un de ces spécialistes, aucune conclusion ne sera acceptée sur la cause de l’effondrement, et une conclusion ne sera acceptée que sur l’hypothèse A (l’hypothèse traitée). Voyons, donc, comment est structuré le dossier de l’AFIS…

Denys Breysse

Après une introduction de 4 pages et le vieil article de Phil Molé dont les multiples faiblesses ont été signalées en leur temps (3), le dossier de l’AFIS entre dans le vif du sujet par une série d’articles écrits par différents spécialistes, dont nous ne re-dirons plus qu’ils ont tous un CV long comme le bras et qu’ils s’expriment tous dans leur domaine de compétence. Tous confirment la thèse du feu (hypothèse A) mais nous allons voir comment…

La série s’ouvre par un article de 9 pages écrit par Denys Breysse, article sincèrement intéressant traitant de la sécurité des constructions à travers l’Histoire. Les causes de l’effondrement du WTC sont ici, sans autre forme de procès, supposées connues et être celles établies par les autorités (hypothèse A).

Notre commentaire : hypothèse B absente ; article non concluant.

Pierre Carlotti

L’article qui suit, de 7 pages, est écrit par Pierre Carlotti. L’article, sincèrement intéressant également, décrit les effets du feu sur les structures en acier. Cette fois, quelques mots dans le tout dernier paragraphe font subrepticement mention de la thèse de la démolition contrôlée (hypothèse B). Mais de quelle façon !
Appliquant le Rasoir d’Ockham, Carlotti affirme que la thèse requérant « la concomitance du minage avec les impacts des avions » est « moins vraisemblable » (4). Certes. Mais quelle est la probabilité que des feux localisés et des dommages mécaniques asymétriques provoquent la rupture SIMULTANÉE de tous les poteaux de la tour, avec une légère avance des poteaux centraux, exactement comme le ferait une démolition contrôlée ? Comment un simple accident reproduit-il ce qui, d’habitude, est obtenu en faisant appel à des spécialistes et à un grand nombre de charges soigneusement synchronisées ?
Nous aimerions que Carlotti nous en dise un peu plus sur la façon dont un bâtiment à structure acier est censé réagir, habituellement, lorsqu’il est endommagé de façon localisée et asymétrique. S’effondre-t-il complètement, verticalement et symétriquement ? (ce qui laisserait nos artificiers sans emploi…) Nous avons effectué quelques recherches et n’avons rien trouvé de tel :

Bâtiment 3 du World Trade Center endommagé après l'effondrement de la Tour NordBâtiment 5 du World Trade Center endommagé après les attentats de New York
Bâtiment 6 du World Trade Center endommagé après les attentats de New York
Lycée Pailleron après l'incendie qui l'a détruitHangar détruit par un tremblement de terre et un incendie
Constructions à structure acier endommagées asymétriquement : WTC 3 (hôtel Mariott), WTC 5, WTC 6, Lycée Pailleron et hangar.

AUCUN effondrement symétrique.
Nous notons aussi que les coins résistent mieux.
Même observation avec les immeubles en béton : des dommages localisés et asymétriques provoquent des effondrements localisés et asymétriques :

Immeuble endommagé à Lagos, NigeriaImmeuble de l'ambassade des États-Unis au Liban endommagé après un attentat
Immeuble endommagé par l'attentat à Oklahoma CityImmeuble endommagé en Russie après un accident
Immeubles en béton endommagés asymétriquement : défaut de construction à Lagos, attentat contre l’ambassade US au Liban, attentat d’Oklahoma City et accident en Russie.

AUCUN effondrement complet.
Carlotti pense-t-il que l’on pourrait obtenir un effondrement complet, vertical et symétrique en posant seulement la moitié ou le quart des charges de découpe, de façon asymétrique ? Par exemple en mettant des charges au sud, quelques-unes au nord et en négligeant l’est et l’ouest ? A-t-il évoqué ce genre de possibilité auprès d’artificiers professionnels et comment ont-ils réagi ?

Notre commentaire : le Rasoir d’Ockham penche assurément dans l’autre sens.

Matthys Levy

Dans l’article suivant, de 5 pages, Matthys Levy explique l’effondrement des Tours Jumelles selon l’hypothèse du feu (hypothèse A).

Notre commentaire : hypothèse B absente ; article non concluant.


L’ahurissante précision du modèle informatique de Matthys Levy

Matthys Levy rapporte avoir réalisé, au sein d’un bureau d’études (Weidlinger Associates), une simulation informatique de l’effondrement des Tours Jumelles antérieure à celle du NIST. Or, Levy dit que sa simulation informatique « est devenue instable (…) 56 minutes après l’impact », c’est-à-dire À LA MINUTE PRÈS comme dans la réalité, et que pour l’autre tour, « 103 minutes après l’impact, l’analyse numérique a indiqué un effondrement imminent », c’est-à-dire à nouveau À UNE MINUTE PRÈS de la réalité (102 minutes). Nous sommes ahuris. Rappelons que le NIST a étudié PLUSIEURS scénarios, correspondant à différents niveaux de dommages mécaniques et de détérioration de la protection anti-incendie sur les poteaux, et rappelons aussi que quelque soit le scénario, les tours ne sont JAMAIS tombées et que le NIST a dû intervenir manuellement pour obtenir l’effondrement, en affaiblissant notamment les planchers afin d’obtenir le flambement (au sens mécanique) des poteaux de soutien (5). C’est dire si une simulation informatique a ses limites.

Les 3 scénarios du rapport du NIST au sujet de l'effondrement de la Tour Nord du World Trade Center
Les 3 scénarios du NIST : le cas “défavorable”, le cas “intermédiaire” et le cas “favorable”, montrant dans chaque cas des dommages mécaniques différents sur le noyau de la tour 1. (6)

Où diable Levy a-t-il trouvé des données aussi précises ? Et pourquoi le NIST n’a-t-il pas les mêmes ? Comment Levy peut-il connaître avec une telle précision le contenu des réservoirs des avions, le chemin de chaque petite quantité de kérosène (sortant de la tour ou y restant…), les dommages mécaniques infligés aux poteaux et au revêtement anti-incendie (position et vitesse exactes de l’avion, position de chaque bagage à main ou dans la soute…), la quantité précise de combustible présente dans chaque tour (chaque ramette de papier, chaque fauteuil, chaque vêtement…), le tout de façon si précise qu’après une heure de simulation, il tombe à une minute près sur l’effondrement observé ? Nous sommes épatés. Ou franchement suspicieux… La différence entre le doute et la certitude est ce qui sépare la science de la communication.

Même si la précision avancée est réelle, cela ne change rien sur le fond car des explosifs peuvent avoir été déclenchés au moment où se produisait l’effondrement « naturel ». À la question, qui sort du champ scientifique, de savoir « Pourquoi ? », on peut proposer que cela permettait de réduire les dommages sur les bâtiments environnants, et/ou d’être certain que la tour tombe.

Cet assaut de certitudes nous amuse d’autant plus que l’AFIS se réclame, dès son introduction, du doute raisonnable (7), cite Jean Bricmont (physicien) et Noam Chomsky expliquant que la Science n’explique pas tout (8) et que Jérôme Quirant (qui coordonne le dossier) écrit, en une autre occasion, qu’un modèle est forcément « approché »… (9) Sauf celui de Levy ? On souhaiterait annihiler tout esprit critique chez le lecteur qu’on ne s’y prendrait pas autrement.



Joël Kruppa et Bin Zhao

Abordant le cas de la tour 7, la fameuse « troisième tour » si largement connue sur l’Internet et encore si peu dans les grands médias, les deux auteurs décrivent, dans un article de 8 pages, l’effondrement de la tour selon la thèse du feu (hypothèse A). Inutile, donc, de nous y attarder excepté, miracle et alléluia, l’avant-dernier paragraphe dans lequel l’hypothèse B, ainsi qu’une amusante hypothèse C, apparaissent furtivement.

Reprenant le raisonnement du NIST, les deux auteurs indiquent qu’une « explosion » capable de « sectionner (…) le poteau intérieur 79 » (celui par lequel le NIST pense que l’effondrement a commencé) aurait été entendue « à un kilomètre » (hypothèse C, charge explosive unique), et dès lors que « l’hypothèse d’une démolition contrôlée par explosif [n’est] pas plausible » (10). Mais de quels explosifs parle-t-on ? On voit mal où commence et où finit le raisonnement dans la mesure où, d’une part, une démolition contrôlée n’est pas sensée faire un bruit s’entendant « à un kilomètre », en raison de ses éléments constitutifs rappelés plus haut, à savoir de multiples petites charges de découpe, déclenchées en plusieurs séquences et avec des micro-retards pour réduire l’onde de choc et le bruit (on évite qu’une démolition contrôlée brise toutes les vitres dans les bâtiments alentours…). D’autre part, et contrairement aux Tours Jumelles, le quartier était évacué autour de la tour 7 au moment de son effondrement, de sorte que les témoins et les enregistrements d’explosions sont forcément plus rares. Mais ils existent ! Des bruits d’explosion ont été enregistrés avant (11) et au début (12) de l’effondrement, tandis que deux employés de la municipalité, Barry Jennings et Michael Hess, se trouvant à l’intérieur de la tour alors qu’elle était déjà évacuée, ont été témoins d’explosions en-dessous d’eux, dans les escaliers, lesquels sont situés dans le noyau, là où des charges auraient stratégiquement été placées dans le cadre d’une démolition contrôlée (13). Les auteurs ignorent-ils tous ces faits ? Et à quoi rime cette hypothèse C, qui ne ressemble manifestement en rien à une démolition contrôlée ?

Notre commentaire : faisons cadeau à l’AFIS d’avoir réfuté l’hypothèse C…

Michel Brilich

Dans un article de 4 pages, ce spécialiste des métaux s’efforce de donner une explication aux différents phénomènes physico-chimiques soulevés par les sceptiques de la version officielle, qui soit compatible avec l’hypothèse du feu (hypothèse A). Nous notons, et déplorons, une fois de plus un raisonnement à sens unique, destiné uniquement à soutenir la thèse préalablement choisie.

Notre commentaire : hypothèse B absente ; article non concluant.

Emeric Steng

Cet article de 9 pages est une critique de l’étude du nanochimiste danois Niels Harrit, qui relate la découverte d’éclats de nanothermite non réagis dans la poussière du WTC, un explosif de haute technologie pouvant servir de charge de découpe. C’est là typiquement le genre d’article trop technique pour le simple citoyen que nous sommes, aussi soulignerons-nous seulement que la discussion est secondaire puisque si l’explosif n’est pas celui-là, il peut en être un autre.

Notre commentaire : point secondaire ; article non concluant.


Nombre de pages par sujet dans le hors-série de l'AFIS consacré au 11 septembre 2001
Nombre de pages du dossier de l’AFIS consacrées à la thèse du feu et à la démolition contrôlée. Noter que parmi les 16 pages consacrées à la démolition contrôlée, 10 portent sur la nanothermite, un point secondaire (non concluant).

Et comme la cavalerie, la démolition contrôlée finit par arriver…

UN article, un seul, dans le dossier de l’AFIS, est enfin consacré à la démolition contrôlée (hypothèse B). Il occupe royalement 4 pages. L’expert contacté par l’AFIS, Jean-Pierre Muzeau, est manifestement frileux sur cette thèse puisqu’il commence par dire qu’une telle démolition contrôlée « ne peut se faire en quelques jours » (mais qui a dit le contraire ?). Énumérant non pas des impossibilités mais des possibilités, l’auteur indique que l’hypothèse requiert « un très grand nombre de charges explosives dans des endroits stratégiques » (en effet) et « une équipe de spécialistes » (en effet). Mais pourquoi affirmer ensuite qu’un tel travail « [aurait] été signalé après coup par les survivants » (14) (nous soulignons), alors que c’est le cas ? Scott Forbes, un informaticien qui travaillait dans la Tour Sud, témoigne qu’il a dû éteindre les ordinateurs le week-end précédent les attentats en raison d’une importante coupure de courant, laquelle désactivait aussi les systèmes de sécurité (15). Après les attentats, il contacta les autorités pour faire valoir son témoignage mais celles-ci ne furent pas intéressées. Pourquoi l’AFIS ne cherche-t-elle pas les témoins, au lieu d’affirmer qu’il n’y en a pas ?

Des tests menés dans les bâtiments fédéraux aux États-Unis ont par ailleurs montré la porosité de leurs systèmes de sécurité. Des agents réussirent à s’y introduire avec des explosifs, ce qui suscita un certain émoi auprès des responsables (17). Alors après tout, ces Tours Jumelles n’étaient peut-être pas si bien gardées !

Muzeau donne l’impression d’avancer lorsqu’il écrit que « la ruine du WTC ressemble un peu à la démolition d’un bâtiment en béton par explosif » (mise en forme de l’auteur). Mais c’est pour mieux reculer lorsqu’il ajoute aussitôt que, de toute façon, les tours seraient tombées de cette façon : « dans les deux cas, la méthodologie consiste à (…) laisser le poids de la partie supérieure entraîner l’effondrement de l’ensemble ». Outre que nous avons déjà parlé de la symétrie, tout à fait inhabituelle pour ne pas dire miraculeuse lorsque les dommages sont localisés et asymétriques (cela ne semble pas surprendre l’auteur ; peut-il nous en dire plus ?) ; outre que l’auteur semble trouver évident également que le bloc supérieur démolisse la tour jusqu’en bas, alors que le cas du WTC 3, par exemple, prouve l’inverse (ce n’est pas évident), nous nous demandons aussi et surtout comment un expert en démolition contrôlée peut affirmer que la ruine ressemble « un peu » (nous soulignons) à la démolition contrôlée. Alors que tant de signes sont présents ? Que pour la tour 7, TOUS les poteaux cèdent au même instant, sauf les poteaux centraux qui partent une fraction de seconde avant ? (une caractéristique de la démolition contrôlée, comme on l’a vu !) Que l’on peut voir la mise en traction de la structure (opération consistant à descendre légèrement les poteaux primaires, quelques instants avant de lancer la séquence principale d’une démolition contrôlée), 6 secondes avant l’effondrement, avec l’effondrement de la partie est du toit-terrasse ? Que l’effondrement commence par 2 secondes et demie de quasi chute libre et est ensuite proche d’une chute libre ? (autre caractéristique de la démolition contrôlée) Que des explosions sont entendues avant et au début de l’effondrement ? Que la tour est entièrement détruite et se réduit à une petite pile sur laquelle les parois se couchent sagement ? Que pour la tour 2, des fontaines de métal fondu sont visibles aux angles juste avant l’effondrement ? Que pour la tour 1, comme pour la tour 7, TOUS les poteaux cèdent au même instant, avec une légère avance pour les poteaux centraux, à nouveau ? Que pendant l’effondrement, des panaches latéraux et des flashs précèdent le front de ruine ? (18) Que de multiples témoins (118 pompiers, monsieur Muzeau !) ont entendu les bruits d’explosion et vu les flashs ? Que les vitres du rez-de-chaussée, 350 mètres sous l’impact, sont soufflées vers l’extérieur, mais soufflées par QUOI, monsieur Muzeau ? Que sous les décombres se trouvent des lacs d’acier fondu, mais pas n’importe où : au milieu, sous les ascenseurs, au pied des noyaux porteurs ? Que des traces de souffre et de hautes températures (1000 °C, après un simple incendie ?!?) sont retrouvées sur l’acier de la tour 7 ? (FEMA, Barnett) Que des sphérules de fer FONDU (il faut 1535 °C !) sont retrouvées dans la poussière ? (USGS, RJ LeeGroup) Que d’immenses quantités de béton sont transformées en une poussière d’une extrême finesse ? Que faut-il de plus à Jean-Pierre Muzeau ? Où sont les différences ?

Et l’auteur de conclure que « la plupart de ces hypothèses (…) sont pour le moins fantaisistes car elles ne respectent pas les règles de base de la mécanique ou les lois de similitude qui sont pourtant fondamentales pour ce genre de démonstration » (19). Quelles règles, quelles lois, à quel moment ? Nous ne le saurons pas mais un encadré situé sur la page faisant face à l’article de Muzeau, consacré aux « cartons » de Richard Gage et reprenant l’argument des « lois de similitude », suggère une hypothèse désopilante : est-ce la démonstration des « cartons » qui pose problème à Jean-Pierre Muzeau ?

Encart du hors-série du magazine Science et pseudo-sciences consacré à la démonstration des cartons de Richard Gage (AFIS, 11 septembre 2001)
Sans rire, Jérôme Quirant (coordinateur et co-rédacteur du dossier de l’AFIS) reproche ici à Richard Gage d’utiliser un modèle réduit ne respectant pas les lois de similitude ! (lois indiquant sous quelles conditions un modèle réduit est représentatif du comportement à l’échelle 1) (20) Le même Jérôme Quirant qui démontra, en une autre occasion, le flambement d’un poteau en acier (qui plie) à l’aide d’une règle en plastique (qui rompt)… (21)
Cet encadré fait face à l’article de Jean-Pierre Muzeau.


Notre commentaire : argumentation non étayée, ou contredite par les faits.

L’argument de la “juxtaposition”

Il y aurait encore tant à dire sur le dossier de l’AFIS, qui par sa taille (96 pages), nécessiterait une réponse plus complète que cette modeste réaction. Aussi proposons-nous, pour terminer, de nous pencher sur l’iconographie. Étonnés que les images habituelles n’apparaissent pas, nous nous sommes livrés à un petit comptage :

Nombre de pages allouées aux différents sujets dans le hors-série du magazine Science et pseudo-sciences (AFIS, 11 septembre 2001)
Nombre d’images du dossier de l’AFIS, sur le WTC et les aspects architecturaux seulement.

À une exception près (une affiche de ReOpen911), l’iconographie ne montre AUCUN signe de démolition contrôlée. Ne cherchez pas les panaches latéraux, les flashs, les fontaines d’acier fondu, les poteaux primaires partant en avance… Tous absents du dossier. À la place, on nous montre le WTC avant et après les attentats, en train de brûler, etc. Une certaine place est en revanche réservée aux immeubles effondrés après un incendie.

Image extraite de l'iconographie du hors-série du magazine Science et pseudo-sciences consacré aux attentats du 11 septembre 2001 : image d'explosion au World Trade Center (AFIS)
L’UNIQUE image montrant un signe de démolition contrôlée : une affiche de ReOpen911 !

Images extraites de l'iconographie du hors-série du magazine Science et pseudo-sciences consacré aux attentats du 11 septembre 2001 : World Trade Center et Tours Jumelles (AFIS)
Le World Trade Center.
Très joli, très décoratif… mais pas très informatif !


Images extraites de l'iconographie du hors-série du magazine Science et pseudo-sciences consacré aux attentats du 11 septembre 2001 : immeubles détruits par le feu (incendies, AFIS)
Les incendies, datant de la fin du XIXe ou du début du XXe siècle.
Puisqu’on vous dit que ce sont les incendies !


L’AFIS, qui n’a pas réussi à convaincre son lecteur par la raison puisque 80 % de son dossier consiste à soutenir une thèse et que les 20 % restants, portant sur l’autre thèse, sont invalides ou infructueux, tente dans un dernier élan de convaincre par juxtaposition, en multipliant les images d’immeubles effondrés à la suite d’incendies. Et en dissimulant soigneusement les éléments contradictoires…

Et soudain, un doute nous étreint. Et si cette iconographie était représentative de celle que les spécialistes qui ont rédigé le dossier ont eu entre les mains ? Et si ces spécialistes n’avaient eu qu’une sélection d’images et d’arguments ? (la démonstration « des cartons », par exemple) Et si Jérôme Quirant, véritable fil conducteur du dossier et dont l’engagement à combattre la thèse de la démolition contrôlée est bien connue, avait influencé lesdits spécialistes au moyen de cette sélection ? Nous spéculons, bien entendu, mais la candeur d’un Muzeau affirmant que les effondrements ressemblent « un peu » à une démolition contrôlée suggère au minimum une réelle pénurie d’information.

L’objectif n’est pas atteint (… mais le subjectif, si)

Débordant d’imagination lorsqu’il s’agit d’expliquer chaque aspect étrange de la thèse du feu (sauf, curieusement, la symétrie des effondrements), l’AFIS se montre incapable de réfuter la thèse de la démolition contrôlée, à laquelle fort peu de place est d’ailleurs accordée. Ce faisant, l’AFIS se trahit et montre que sa conclusion était choisie d’avance. Tel un père convaincu que son fils gagnera le concours parce qu’il a de bonnes notes (s’il est le seul candidat, peut-être…), l’AFIS ne s’est même pas donné la peine d’étudier la thèse adverse, ou si peu, et livre une « enquête » à sens unique, digne de celle du NIST.

Afin de faire avancer le débat et de répondre aux questions qu’un nombre toujours croissant de citoyens se posent, nous invitons les auteurs sincères du dossier de l’AFIS, vraisemblablement induits en erreur par une présentation partiale des termes du débat, à prendre contact avec ReOpen911 et/ou son comité scientifique (le CSFV), afin d’ouvrir un dialogue, de façon à rapprocher nos positions et à nous aider à diffuser une information scientifique de qualité sur les attentats du 11-Septembre. Nous serons heureux de corriger les coquilles pouvant se trouver dans nos pages, étant entendu que la promotion d’une hypothèse concurrente ne réfute en aucune façon une hypothèse donnée.


Yves Ducourneau


Notes :

(1) http://www.youtube.com/watch?v=-v9lX58NaUA à 1’01”

(2) “Quelle est la cause réelle de l’effondrement du World Trade Center ?” par Steven E. Jones, 02/10/2006, http://www.iceberg911.net/jones-1.html

(3) Lettre à l’AFIS, par Yves Ducourneau, le 26/01/2008, http://www.iceberg911.net/lettre-afis.pdf

(4) Page 32.

(5) “Réexaminer le 11/09/2001 en appliquant la méthode scientifique” par Steven E. Jones, mai 2007, http://www.iceberg911.net/jones-2.html

(6) “Analysis of aircraft impacts into the World Trade Center towers”, par le NIST, septembre 2005, NCSTAR 1-2B chap 2-11 page 89.

(7) Page 1.

(8) Pages 6 et 16.

(9) « La modélisation de Bazant concerne l’effondrement lui-même, sa dynamique. C’est un modèle approché (comme tout modèle) puisque unidimensionnel. », Jérôme Quirant, 13/06/2011 à 20h42, http://www.reichstadt.info/complotisme/11-Septembre-nu...

(10) Page 48.

(11) http://www.youtube.com/watch?v=cU_43SwWD9A

(12) http://www.reopen911.info/...-explosion-avant-l-effondrement-du-wtc7.html

(13) Témoignage de Barry Jennings, par Dylan Avery, http://www.dailymotion.com/...-barry-jennings-2007-pa_news

(14) Page 39.

(15) “WTC: systèmes de sécurité mis hors-tension avant le 11/9”, http://www.dailymotion.com/...systemes-de-securite-mis-hors-t_news

(16) Page 6.

(17) “USA : importantes failles de sécurité dans des bâtiments fédéraux”, par Ed O’Keefe, juillet 2009, Washington Post, http://www.reopen911.info/...-failles-de-securite-dans-des-batiments-federaux/

(18) http://www.iceberg911.net/wtc127-tours-jumelles-tour-nord-flashes.jpg , photos de Noah K. Murray

(19) Page 40.

(20) Page 41.

(21) Conférence de février 2010 à Sciences Po, par Jérôme Quirant, http://iepvideo.univ-lyon2.fr/...amorcefile=amorceaccueil2010.flv